Crise alimentaire, crise écologique : l’urgence de conquérir des droits pour tous.
RESUME DE L’INTERVENTION DE MARC DELEPOUVE
Le rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat) confirme que la question de l’environnement –en lien avec ses conséquences sociales- est centrale : elle va pousser les populations de la planète à vouloir changer le monde.
La crise financière offre une « opportunité » de mobilisation à ne pas rater. Sinon le néolibéralisme se poursuivra tel quel ou sous une autre forme. Cette mobilisation mondiale, pour se développer, doit reposer sur une double volonté : défendre les droits sociaux et sauver la planète. Il faut parvenir à un mouvement mondial où les individus, dans tous les pays, sentent que la défense de leurs droits est au centre. A cette fin il est nécessaire de trouver les mots qui puissent fédérer dans le monde entier.
Les évolutions mondiales actuelles, et la crise financière, sont liés à la croissance de l’Asie, à l’évolution des rapports de force (Les Etats-Unis, affaiblis, ne peuvent plus se sortir d’une crise financière telles que celle des subprimes comme ils auraient pu le faire il y a 20 ans)… La situation de nos droits va se dégrader de plus en plus si nous ne mettons pas un terme aux politiques néolibérales internationales. La culture de la concurrence, de l’affrontement entre états ne peut permettre de relever les défis environnementaux et sociaux.
Pour s’en sortir, il faut des mouvements sociaux transnationaux : c’est la raison d’être de l’altermondialisme. Mais le développement de ces mouvements appelle une « révolution anthropologique » à l’issue de laquelle chacun ait un sentiment d’appartenance à l’humanité. L’objectif est de créer les conditions pour que chacun puisse considérer que la notion de genre humain est protectrice, et non dangereuse. D’où l’importance des notions de droits sociaux fondamentaux mondiaux (alimentation, accès à l’eau potable, éducation, santé, logement) et de biens communs mondiaux (climat, biodiversité, diversité culturelle, etc.)
A partir de là, et non partir de la situation financière, comment organiser le monde ?
• On ne peut prendre le risque de laisser le système s’effondrer car les conséquences risqueraient d’être terribles (chaos social et environnemental). Nous devons donc partir de l’existant pour l’organiser.
• Lorsqu’on analyse la situation actuelle de la répartition de la part de la valeur ajoutée, il faut considérer les revenus du capital et les revenus individuels, mais aussi les revenus collectifs, c’est-à-dire ceux liés aux services publics.
• La situation alimentaire est grave : cela n’est pas suffisamment mis en avant. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), 923 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde actuellement, soit 75 millions de plus qu’en 2007. Les séquelles en seront particulièrement graves pour les enfants.
• Le droit au logement n’est pas une priorité mondiale. Un million de personnes est encore sans logement au Bengladesh un an après le raz-de-marée.
• L’agriculture a réduit ses possibilités de nourrir les populations depuis la création de l’OMC., tout en augmentant les sources de pollution (pesticides, méthane…). Selon le rapport de la FAO (résumé sur le site rue89), l’agriculture biologique a la capacité de nourrir la population mondiale tout en diminuant fortement ses effets négatifs, en étant moins coûteuse pour les agriculteurs, plus rentable à long terme (en préservant les sols), plus résistante aux aléas climatiques. Elle permettrait aussi d’éviter l’exode rural et le gonflement des bidonvilles.
Il nous faut maintenant parvenir à une nouvelle étape : mettre en place un rapport de force suffisant autour de propositions fortes. Nous devons trouver un discours fort, accessible et mobilisateur pour tous.
Des avancées importantes ont été réalisées en l’espace de 10-15 ans. Il est intéressant d’observer ce qui se passe en Amérique du Sud. L’effet positif des forums sociaux et l’existence de mouvements sociaux puissants, qui vont jusqu’à bloquer des villes, ont débouché dans plusieurs pays sur l’arrivée au pouvoir de mouvements politiques opposés au néolibéralisme (de façon plus ou moins radicale selon ces pays).