Agriculture et Alimentation : Nourrir le monde, à quel prix ?
Podcasts
– ep 1/4 : Politique agricole & Libre-échange
– ep 2/4 : Les réponses institutionnelles
– ep 3/4 : Les alternatives au modèle dominant
– ep 4/4 : La sécurité sociale de l’Alimentation
– Spectre — Le grain de son
Édito
Amies auditrices, amis auditeurs, si vous nous écoutez sur les ondes de Radio Arverne, il est bientôt midi et vous vous apprêtez sans doute à passer à table. Et comme beaucoup de monde, vous vous préoccupez certainement de la qualité des aliments que vous allez mettre dans votre assiette. Les émissions culinaires n’ont jamais eu autant de succès, le bio est en plein boom, le végétarisme et le véganisme ont de plus en plus d’adeptes, les nutriscores attirent tous nos regards… Assez logiquement, au pays de la gastronomie, l’alimentation est un sujet qui passionne, dans tous ses aspects : goût, terroir, impact sur notre santé, conséquences environnementales, bien-être animal…
Mais qu’en est-il des conditions économiques et sociales dans lesquelles sont produites nos denrées alimentaires ? Combien, notamment, sont payés les hommes et les femmes qui cultivent les plantes et qui élèvent les animaux destinés à nous nourrir ? Pas assez, on en a vaguement conscience.
Mais mesure-t-on à quel point ?
En réalité, l’agriculture va mal. En l’espace de 60 ans, la surface agricole en France a diminué de 17 %. Le nombre d’exploitations est passé d’un peu plus d’1 million et demi en 1970, à seulement 450 000 en 2017. Et cette hémorragie ne s’est pas arrêtée depuis. A l’échelle de l’Europe, ce sont plus de 4 millions de fermes – soit plus d’une sur quatre ! – qui ont disparu ces dix dernières années, dont 100 000 rien qu’en France. En France toujours, la part des agriculteurs exploitants dans l’emploi est passée de 7 % en 1982 à 1,5 % seulement en 2019. Et quand ils ne disparaissent pas, les agriculteurs, parfois, se suppriment. Terrible réalité passée trop souvent sous silence : les exploitants agricoles ont la mortalité par suicide la plus élevée de toutes les catégories sociales, 30 % supérieure au taux observé dans le reste des professions.
Et la rémunération dans tout ça ? Les revenus des agriculteurs européens sont inférieurs de 40 % aux autres revenus. 80 % des personnes sous-alimentées dans le monde vivent en milieu rural, et la plupart d’entre elles sont des paysans. Si dans notre pays les revenus agricoles sont plus élevés, ils cachent d’énormes disparités. Près de deux ménages agricoles sur dix vivent ainsi en-dessous du seuil de pauvreté. En outre, l’activité agricole ne contribue, en moyenne, qu’à un tiers du revenu des ménages agricoles. C’est dire si l’agriculture ne suffit plus à nourrir ceux qui nous nourrissent.
Tout ça pour quel résultat ? Ces rémunérations au rabais permettent-elles au moins à chacun de s’alimenter à moindre coût ? Pas vraiment, puisque parallèlement, huit millions de français dépendent de l’aide alimentaire pour vivre. Combien d’agriculteurs parmi eux ?
Pourtant, le secteur agricole et agro-industriel reste un des fleurons de l’économie française. A croire que la crise n’est pas aussi dure pour tout le monde, voire même qu’elle profite à certains pendant qu’elle s’abat sur d’autres.
Dans ce tableau bien sombre, les mouvements de résistance sont heureusement nombreux, et constituent autant de lueurs d’espoir. Certains sont anciens, d’autres plus récents : des paysans du Larzac au Mouvement des Sans-Terre brésilien, des AMAP à la Sécurité Sociale Alimentaire, il existe partout des initiatives qui s’efforcent de proposer un autre modèle, et qui tentent de défendre une agriculture en-dehors du système capitaliste. Pour relever le double défi de permettre à chacun, quelles que soient ses ressources, d’accéder à une alimentation de qualité tout en donnant la possibilité aux agriculteurs de vivre de leurs productions.
Alors, « Nourrir le monde, à quel prix ? », c’est la question que nous nous posons dans le Grain de Son, l’émission d’Attac Puy-de-Dôme, sur Radio Arverne.
Invités :
- Laurent CAMPOS-HUGUENEY, Confédération Paysanne - Puy-de-Dôme
- Jean-Pierre FARRIÉ, administrateur de l’association Terre de Liens
- Quentin DABOUIS, Association pour le Développement des Monnaies Locales (ADML63)
Musiques :
- Jah Mason : Farmer Man
- Flying Tractors : On ouvre la bouche
- Baptiste Legendre : Paysan
- Babylon Pression : sandwich à la merde
- Tagada Jones : Ecowar
Liens :
- http://confederationpaysanne.fr/
- http://aurapaysanne.fr/ (Confédération Paysanne - région AURA)
- https://amap-aura.org/ (Réseau AMAP Auvergne Rhône-Alpes)
- https://terredeliens.org/
- https://www.fermedesarlieve.org/ (Ferme de Sarliève)
- https://adml63.org/
- Sécurité Sociale de l’Alimentation
- Soli’Doume
Images :
- https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ecologically_grown_vegetables.jpg - CC Wikimédia Commons