Des mots, des maux, démo... cratie !

, par Seb

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 Spectre — Le grain de son

Édito

Démocratie. Demos : le Peuple. Kratos : le pouvoir. On nous l’a enseigné : la démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, pour reprendre la belle formule d’Abraham Lincoln.

Partant de ce principe, la France est-elle une démocratie ? Pendant longtemps, poser cette question pouvait sembler incongru. Après tout, nous sommes dans un pays où les élections sont libres, où la liberté d’expression est garantie, où les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont séparés. En dehors de quelques anarchistes adeptes de la démocratie directe, qui refusaient de déléguer leur pouvoir de décision à des représentants légitimement élus, personne ne songeait à contester le caractère démocratique de nos institutions. Le faire paraissait même indécent vis-à-vis de ceux qui ont à subir de véritables dictatures : « Allez voir en Corée du Nord ou en Ouzbékistan comment ça se passe ! »…

Au fil du temps, le doute a commencé à s’installer. De promesses électorales non tenues en mesures impopulaires, de 49.3 en états d’urgence, de dissolutions en répression, il est peu à peu devenu évident que le peuple, censé gouverner et se gouverner, n’avait plus vraiment voix au chapitre.

Le problème n’est pas nouveau et témoigne d’une lente dérive de nos institutions marquée par une déconnexion toujours plus grande entre le peuple et les élites. Les signes en sont tellement nombreux qu’on aurait presque tendance à s’y habituer : du Traité Constitutionnel Européen à la dernière contre-réforme des Retraites, en passant par la répression toujours plus violente des mouvements sociaux, tout concourt à prouver que le pouvoir ne se soucie guère de la volonté populaire. Et la séquence que l’on vient de vivre, depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale jusqu’à la désignation navrante d’un Premier Ministre au mépris du résultat des urnes, a encore accéléré les choses.

Ce sentiment que la démocratie est en panne, que quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse et surtout que pour qui que ce soit que l’on vote, les choses ne changent pas – ne peuvent pas changer – amènent les électeurs à se tourner, toujours plus nombreux, vers l’abstention ou le vote pour l’extrême droite. Deux phénomènes qui, à leur tour, amenuisent un peu plus la portée de la démocratie.

Jusqu’où cela risque-t-il de nous mener ? La France est-elle prête à basculer dans une forme de dictature ou, à tout le moins vers une « démocratie illibérale », comme on appelle ces pays où des régimes autoritaires parviennent au pouvoir et s’y maintiennent par le biais des élections ? Déjà un certain ministre nous suggère de nous affranchir de l’État de Droit...

Que faire pour enrayer cette évolution ? Nous en sommes convaincus, pour contrer les limites du système démocratique, il faut en appeler à davantage de démocratie. Mais comme s’y prendre ?

Il se pourrait bien qu’il faille tout reprendre à zéro, et en particulier les fondements de notre République, à commencer par notre Constitution. Alors bien sûr, il faut plus que des institutions pour faire une vraie démocratie, il y a d’autres conditions indispensables à la participation éclairée des citoyens à la vie publique. Mais puisqu’il faut bien commencer par un bout, c’est par là que nous vous proposons d’attaquer ce cycle consacré à la démocratie dans notre beau pays de la Déclaration des Droits de l’Homme.

Invité·e·s :

  • Jules BRUNETTI, enseignant en Droit Public à l’Université Clermont Auvergne

Musiques :

  • Danakil : La Démocratie balbutie
  • Trust : Démocrassie
  • Tagada Jones : Je suis démocratie
  • HK et les Saltimbanks : Démocratie !