Langues locales et alternatives
Podcasts
– ep 1/4 : Histoire de l’Occitan et de l’Espéranto
– ep 2/4 : Les langues comme outil de domination
– ep 3/4 : Langues locales et alternatives aujourd’hui
– ep 4/4 : Langues comme outil de partage
– Spectre — Le grain de son
Édito
En quelle langue faut-il qu’on vous le dise ?
Je me souviens de mon professeur, qui nous réprimandait, nous ses élèves, quand on ne voulait pas l’écouter. En quelle langue faut-il qu’on vous le dise ? Comme si nous parler dans une autre langue que notre langue maternelle allait nous aider à mieux le comprendre, à mieux l’entendre, à mieux lui obéir.
Une langue sert à commander ; une langue sert aussi à désobéir.
Je me souviens aussi de mon père qui regardait le chien, le chien regardait mon père, et mon père me posait cette question : « A quoi ça peut bien penser un chien, puisqu’il ne sait pas parler ? ». Question saugrenue mais qui reste un mystère, tant le langage est le support de nos pensées. La langue sert à défendre des idées, ou à les combattre. Pense-t-on différemment selon la langue dans laquelle on s’exprime ? En quelle langue pensent ceux qui parlent plusieurs langues ? En quelle langue faut-il qu’on vous le dise ?
Au départ, les Hommes parlaient tous la même langue. Il se comprenaient, ils s’entendaient, ils étaient tous d’accord. Et puis un jour, ils entreprirent de construire une haute tour, une très haute tour, pour être plus près des cieux. Et Dieu, le Bon Dieu, très anxieux, jugeant ces hommes un peu trop ambitieux, décida pour mieux régner de les diviser. Pour cela il inventa les différentes langues : à chaque étage un langage. Et à partir de ce jour-là, les Hommes ne se comprirent plus, ils ne s’entendirent plus. Fini, les projets collectifs, ils se dispersèrent et allèrent bâtir des nations.
Ça, c’est ce que nous raconte la Bible dans l’épisode de la Tour de Babel. Mais qu’en est-il vraiment ? Les langues servent-elles à nous diviser ? Les langues servent-elles à bâtir des nations, ou des empires ? A chaque nation sa langue, à chaque langue sa nation : les Allemands parlent allemand, les Italiens parlent italien, et pour être un bon français il faut parler français correctement et pas comme une vache espagnole.
Sauf que dans la réalité c’est un peu plus compliqué. Il y a des langues locales : en France, on a le Breton, on a l’Alsacien, et puis ici en Auvergne il y a l’Occitan. Je dis « il y a », et pas « il y avait », car l’Occitan est encore bien vivant.
Et puis inversement il y a des langues internationales : des langues qui ont conquis le monde, des langues dominantes – comme il y a des classes dominantes – et puis il y a des langues qui servent aussi, parfois, à la solidarité et à la fraternité internationale. C’est notamment le cas de l’Espéranto. Les langues servent à isoler ou à rassembler ; les langues servent à asservir ou à s’émanciper.
Les langues, c’est le sujet de notre nouvelle série d’émissions aujourd’hui dans le Grain de Son, l’émission d’Attac Puy-de-Dôme, un sujet qui peut paraître éloigné de nos centres de préoccupation habituels, et pourtant... Les langues, au cours de l’histoire, ont été outils d’oppression comme de résistance à l’ordre établi.
En quelle langue faut-il qu’on vous le dise ?
Invité-e-s :
- Laurenç BOISTIÀS, Institut d’Études Occitanes (IEO63)
- Ernest BERGEZ, Institut d’Études Occitanes (IEO63)
- Maël CAPOLINO, Institut d’Études Occitanes (IEO63) & Espéranto 63
- Félix HARTMANN, Espéranto 63
Musiques :
- JoMo : Ĉu vi volas danci ?
- Tatu Trio : Bourrée de Saint-Sauves
- La Dévorante : E passa de deçai
- Sourdurent : Franc de brut
Liens :