Le mouvement coopératif

, par Seb

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 ep 1/4 : Généralités sur le mouvement coopératif
 ep 2/4 : La mise en place d’une coopérative
 ep 3/4 : Fonctionnement interne
 ep 4/4 : Rôle des coopératives dans la société
 Spectre — Le grain de son

Édito

Amis auditrices, amis auditeurs, aujourd’hui le Grain de Son, l’émission d’Attac Puy-de-Dôme, va vous parler des entreprises. Et de la forme juridique des entreprises. Voilà un sujet bien technique. Tellement technique, tellement pratico-pratique, qu’on en perdrait presque sa dimension politique.

Et pourtant… Si l’on veut bâtir un monde meilleur, si l’on souhaite changer radicalement la société, et si l’on décide de le faire sur des bases anticapitalistes, alors il faut commencer par définir le capitalisme.

Or, qu’est-ce que le capitalisme ? Les définitions sont nombreuses, les appréciations divergent, mais si on lit les économistes, qu’il s’agisse d’auteurs marxistes ou de penseurs plus orthodoxes, tous s’accordent pour dire que le capitalisme, en tant que mode d’organisation de la société, se distingue de toutes les autres formes d’organisation par deux piliers fondamentaux : l’accumulation du capital (d’où son nom), et la propriété privée des moyens de production.

Au-delà de la propriété, Pour une économie des communs
Benoît BORRITS
https://www.editionsladecouverte.fr/au_dela_de_la_propriete-9782707198815

L’accumulation du capital, on connaît, on en parle souvent, c’est ce qui fait que les riches sont toujours plus riches, que les milliardaires planquent leur fortune dans les paradis fiscaux, et que les multinationales absorbent leurs concurrents par fusions-acquisitions. Et cette accumulation du capital, tous les gouvernements qui se prétendent de gauche, même les plus modérés, essayent de la combattre ou au moins de la limiter. Par des politiques de redistribution ou de lutte contre les inégalités, par la fiscalité ou encore par des lois encadrant la concentration des entreprises.

Mais la propriété privée des moyens de production ? Voilà un sujet totalement absent du débat public, une question qui passe complètement sous les radars. Pourquoi ? On ne sait pas trop. Le sujet est-il trop complexe ? Pourtant, pour ne prendre qu’un exemple, la fiscalité aussi c’est complexe, ça n’empêche pas qu’on en parle. Trop technique ? Nous venons de voir que la question est éminemment politique, puisqu’il s’agit d’un des fondements du capitalisme. Au cours de l’histoire, les mouvements révolutionnaires ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, eux dont l’une des premières mesures a souvent été de collectiviser les terres et les usines, c’est-à-dire de les soustraire à la propriété privée. Et ce n’est pas un hasard. Car en se réappropriant les moyens de production, les travailleurs peuvent décider ce qu’ils produisent, pourquoi ils produisent et comment ils produisent. Autant de questions dont on ne peut faire l’économie si l’on veut refonder la société sur des bases plus respectueuses de la Terre, des humains, et du vivant.

A l’usine Lip de Besançon en 1973
"C’est possible, on fabrique, on vend, on se paie !"
https://www.mediapart.fr/journal/france/030713/charles-piaget-une-lecon-de-liberte
© dr

Alors, cette question de la propriété des moyens de production serait-elle trop idéaliste ? Peut-être. Le modèle de l’entreprise détenue par un patron et quelques actionnaires est tellement installé dans le paysage, il va tellement de soi, que toute remise en cause peut passer pour une douce utopie irréaliste… ou à l’inverse pour un dangereux projet totalitaire. Car quand on parle de collectivisation des moyens de production, nous viennent aussitôt des images de kolkhozes, de soviets, de stalinisme et de goulags. Pas très engageant tout ça.

Il existe pourtant depuis fort longtemps un mode alternatif d’organisation des entreprises, à la fois démocratique et collectif, je veux parler des coopératives, et plus précisément des coopératives de production. Je dis : « un mode d’organisation », mais je devrais plutôt dire « des modes », au pluriel, car ce modèle est loin d’être uniforme : on observe en effet au sein des coopératives des formes juridiques, des tailles de structure et des modes de fonctionnement variés, reflet de la diversité des histoires, des contextes et des situations, mais aussi des volontés et de l’engagement des uns et des autres.
Ce sont deux de ces expériences que nous allons partager avec vous au cours de ces quatre émissions, en compagnie de Boris SURJON et Gaëlle PRADEAU, de la SCOP des Volcans, et de Gilles LEBRE, de la SCIC Biaujardin.

Invité-e-s :

  • Gaëlle PRADEAU, SCOP Les Volcans
  • Boris SURJON, SCOP Les Volcans
  • Gilles LEBRE, SCIC Le Biau Jardin

Musiques :

  • Les Sales Majestés : Les Patrons
  • Los Fralibos : L’éléphant
  • Les Charlots : Merci Patron
  • Loïc Lantoine : Quand les cigares

Liens :
 SCOP Les Volcans
 SCIC Le Biau Jardin
 ATTAC - les possibles, numéro 17, été 2018