Hôpital public

, par Seb

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 Spectre — Le grain de son

Édito

Amies auditrices et amis auditeurs, avez-vous donné à la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France ? Vous savez, celle qui est présidée par Brigitte Macron, et avant elle par Bernadette Chirac. « Plus de 35 millions d’euros récoltés en 2020 pour soutenir les patients, les aidants et les soignants faisant face à la crise sanitaire du Covid-19 », nous dit son site Internet. 35 millions, c’est beaucoup quand-même, non ? Ah et puis, la Fondation des Hôpitaux – c’est son nouveau nom – organise aussi l’opération Pièces Jaunes, pour les enfants hospitalisés. C’est important ça, de donner pour les petits enfants à l’hôpital. Et l’avantage, c’est que ces dons sont déductibles des impôts… Ah oui, mais le problème, c’est que moins d’impôt, c’est aussi moins d’argent pour l’hôpital public. Pas simple tout ça…

Sinon, si vous ne voulez pas donner, vous pouvez toujours applaudir les soignants, tous les soirs à 20h. Vous vous souvenez, on le faisait pendant le confinement. Pourquoi est-ce qu’on ne continuerait pas ? Ils sont toujours là les soignants, ils sont toujours sur le pied de guerre.

Oui, on peut les applaudir, on peut faire des dons, tous ces gestes de solidarité sont les bienvenus, mais pas sûr que ce soit suffisant, ni que ce soit ce dont notre service public hospitalier a réellement besoin. L’hôpital se fout de la charité, ou tout du moins, ne saurait s’en contenter.

Car l’hôpital est malade. Sous-effectifs chroniques, urgences saturées, personnel en tension, démissions en cascade… Tout cela on le sait, c’est pas nouveau, ça fait des années que ça dure : la crise de l’hôpital public ne date pas de la pandémie de coronavirus.

Mais de quelle crise l’hôpital souffre-t-il exactement ? Une crise de nerf ? Certainement, tant les personnels soignants sont à bout, épuisés, démotivés, déconsidérés. Une crise de folie ? Assurément, quand on continue à supprimer des lits en pleine vague épidémique, ou quand on ferme des établissements de soin dans des zones rurales situées à des heures de route de l’hôpital le plus proche.
Je dis folie, mais l’explication est un peu courte. La folie ne s’explique pas, la folie ne calcule pas. Contrairement aux décisions des gestionnaires qui obéissent, elles, à une rationalité économique et à une logique comptable mûrement réfléchies.
Quelques chiffres pour être concret. Entre 2003 et 2016, 64 000 lits d’hospitalisation à temps plein – soit 13% des du total – ont été supprimés. Entre 2005 et 2009, l’activité dans le secteur hospitalier a augmenté de 11%, quand dans le même temps l’emploi, et donc les moyens humains pour y faire face, n’ont progressé que de 4%. Un dernier pour la route : le nombre de maternités en France a diminué – tenez-vous bien, de 35% entre 1995 et 2016.

Vous l’aurez peut-être remarqué, tous ces chiffres datent d’avant 2020. Parce qu’il est important d’avoir à l’esprit que les difficultés de l’hôpital ne sont pas apparues avec la crise sanitaire liée au Covid-19, qui n’a fait que renforcer la souffrance des personnels soignants.

Alors, de quoi l’hôpital public est-il malade ? Il se pourrait bien que cette maladie porte un nom, celui de capitalisme. Ou d’ultralibéralisme, si on préfère. Il se pourrait aussi que le malade ne soit pas seulement l’hôpital, mais la société toute entière. Que penser en effet d’une société qui maltraite à ce point les institutions et les humains en charge d’un bien aussi précieux que notre santé collective ? Une société où l’hôpital, comme l’école d’ailleurs, est sommé d’être rentable pour mieux être livré aux appétits du secteur marchand ?

On en penserait bien du mal, et l’on en viendrait presque à désespérer de l’humain, si ne se dressaient, un peu partout, des hommes et des femmes refusant de se résigner et bien décidé-e-s à faire front pour changer l’ordre des choses. Grèves, manifestations, minutes de silence, démissions administratives… depuis plusieurs années, les mobilisations se multiplient un peu partout en France. Pour en parler, le Grain de Son, l’émission d’Attac Puy-de-Dôme, reçoit aujourd’hui trois syndicalistes, acteurs de ces luttes et de ces résistances à Clermont-Ferrand : Eric RODIER et Florence MERCIER, respectivement secrétaire général et secrétaire générale adjointe de la CGT Santé 63, et Didier GIRAUDET, secrétaire de la section CHU du syndicat Sud-Santé Sociaux.

Invité-es :

 Eric RODIER, secrétaire général CGT Santé 63
 Florence MERCIER, secrétaire générale adjointe CGT Santé 63
 Didier GIRAUDET, secrétaire de la section CHU Sud-Santé Sociaux

Musiques :
 Arno : Santé
 CGT Toulouse : reprise Orelsan
 rA : Mon hôpital
 Les Vilars : Démission

Liens :

 https://sante.cgt.fr/
 http://www.sudsantesociaux.org/